


arcane19
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Intuition et créativité


Articles :
Deux articles d'Anna Caranta
"Magie, jardin secret et élixir
d'immortalité"
et
"L'hortus, mythes et symboles"
parus dans ces ouvrages:
Le jardin monastique médiéval
et
les saveurs de Saint-Gall
édités en 2005 et 2006 par le Musée
de l'Outil à Troyes (Aube)
Maison de l'outil et de la pensée
ouvrière - Compagnons du Devoir du tour
de France (voir liens)-
Un extrait de l'Hortus, mythes et symboles
L'hortus mythes et symboles
Des cinq espaces composants le jardin médiéval, l'hortus (jardin potager) est essentiellement consacré aux nourritures du corps.
Hippocrate a écrit un texte « De l’aliment » dans lequel il donne 4 principes alimentaires qui sont les suivants :
1- La digestion est une cuisson des aliments
2- Pour faciliter la digestion, il est préférable de manger des aliments cuits
3- Le corps est composé d’éléments ou d’humeurs qui déterminent le tempérament
4- Il est recommandé de manger une nourriture équilibrée c’est-à-dire des aliments correspondant à son tempérament.
Le diaita grec (mode de vie) deviendra la diététique : « l'un des trois piliers de la médecine remontant à l'Antiquité et dont tout le Moyen Age se fit l'héritier ». Dans la société médiévale, l'un des aspects majeurs de la santé pour l'homme est l'art du bien manger.
Il existe au Moyen Age, dans les principes de l'alimentation, une hiérarchie des aliments en fonction en fonction des classes sociales ainsi qu'une correspondance avec les quatre éléments : air, feu, eau, terre. Les créature de l'air (volatiles) s'élevant au dessus du sol seront la nourriture de la haute noblesse, ensuite les animaux mobiles se déplaçant à la surface de la terre (élément feu) et ceux de l'élément eau (poissons et crustacés) constitueront les repas des nobles et des bourgeois. Enfin ceux de dessous terre ou poussant au ras du sol ( légumes racines, légumes feuilles et légumineuses) seront pour les humbles.
Mais, comme nous le dit Jean-Marie Pelt : « Si l'aliment fondamental de toutes les classes sociales est d'abord le pain, les légumes du potager en constituent l'indispensable complément et, santé oblige, nos légumes vont gagner leur titre de noblesse et signer de leur bienfaisante présence nombre de recettes.
L'hortus procure aussi une autre nourriture, subtile qui alimente l'émotionnel, l'imaginaire et que l'humain reçoit au-delà de l'intellect : c'est le symbole. Omniprésent dans notre quotidien, à qui l'apprivoise et sait le percevoir, le symbole est comme un clin d’œil de l'invisible et un rappel constant que l'homme n'est pas que matière et densité mais aussi esprit et âme.
Notre hortus va révéler à l'observateur attentif ses messages substantatoires par l'intermédiaire d'une symbolique qui s'exprimera dans la couleur, la forme, le mythe, la légende, l'anecdote.
Découvrons ensemble un premier symbole, celui de la couleur verte. En Égypte antique, le vert dont le hiéroglyphe est un papyrus, est dédié au dieu Ptah, le créateur. Le vert préside à la création du monde, il représente la naissance, la régénération. C'est la couleur de la vie et de l'espérance. Il s'associe également à d'autres dieux tels le Lug gaulois, Vénus et Mercure-Thot. C'est le sinople de l'héraldique représentant champs, prés et pâturages mais surtout la virilité spirituelle, la joie d'une âme qui sait « rester verte » et aussi la guérison. Le prophète Elie était surnommé « le verdoyant ». Dans l'iconographie chrétienne, la croix est souvent représentée en vert, en « arbre de vie » qui portera les fruits de la Foi. Celui qui arbore le sinople dans ses armoiries doit exprimer la candeur de l'enfance ainsi que la compassion et la courtoisie.
Mais, tout symbole possède son envers, sa face contraire. Dans son expression inversée, le vert devient le symbole de la corruption, de la putréfaction, de la moisissure. De « pré verdoyant et vivifiant » il devient le « tapis vert » champs clos où se déroule le jeu de la dégradation morale et que nous retrouverons dans les tripots et casinos. Au Moyen Age le vert sera donc le double emblème de la vie et de la folie. Indissociable de la couleur verte, le légume représente à son tour le cycle vie-mort : il croît dans les entrailles de la terre, devient aliment, est digéré, se corrompt, et, en se putréfiant, devient déjection et engrais qui retourne à la terre et la nourrit.